Page 117 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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sommeil, que tout à coup les trompettes des gardes
avancées, ceux des cohortes, des escadrons, des légions,
sonnent à la fois la charge, et les soldats, poussant un grand
cri, s'élancent hors des portes. A ce bruit effroyable et
nouveau pour eux, Maures et Gétules, subitement réveillés,
ne savent ni fuir, ni prendre leurs armes, ni rien faire, ni
rien prévoir pour leur défense tant le bruit et les cris de nos
soldats, et l'abandon où ils se trouvent contre notre brusque
attaque, au milieu de cet affreux tumulte, les ont
épouvantés et comme anéantis ! Enfin ils sont, sur tous les
points, taillés en pièces et mis en fuite, la plus grande partie
de leurs armes et de leurs étendards tombent en notre
pouvoir, et ils eurent plus d'hommes tués dans ce combat
que dans tous les précédents : car le sommeil et l'excès de
la terreur les avaient empêchés de fuir.
C. Bientôt Marius continue sa route vers ses quartiers
d'hiver, que, pour la facilité des approvisionnements, il
avait résolu d'établir dans des villes maritimes. Cependant
la victoire ne lui inspire ni négligence ni orgueil, comme
s'il était en présence de l'ennemi, il marche toujours en
bataillon carré. Sylla, avec la cavalerie, commandait
l'extrême droite ; à la gauche, A. Manlius, avec les
frondeurs, les archers et les cohortes liguriennes enfin, à
l'avant et â l'arrière-garde, étaient placés des tribuns avec
quelques compagnies armées à la légère. Les transfuges,
sang vil, mais qui connaissaient parfaitement les lieux,
éclairaient la marche de l'ennemi. Le consul, comme s'il
n'eût rien prescrit, veillait à tout, se portait auprès de tous,
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