Page 115 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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ni en bataille, mais par pelotons, et comme les a rassemblés
le hasard, tombent sur nos soldats. Ceux-ci, au milieu de la
surprise et de l'effroi général, rappelant cependant leur
valeur, prennent leurs armes ou protègent contre les traits
de l'ennemi ceux qui les prennent, plusieurs montent à
cheval et courent faire face aux Numides : c'est une attaque
de brigands plutôt qu'un combat régulier, il n'y a ni rangs ni
drapeaux, aux uns l'ennemi tranche la tête, aux autres il
perce les flancs, tels qui combattent vaillamment de front
se trouvent attaqués par derrière ; il n'est plus d'armes, plus
de courage qui puisse les défendre, l'ennemi est supérieur
en nombre, et les a enveloppés de toutes parts. Enfin, les
vieux soldats romains, et les nouveaux, qui, grâce à leur
exemple, savent la guerre, profitent ou du terrain ou du
hasard qui les rapproche, se forment en cercle, et par là,
couverts et en état de défense de toutes parts, soutiennent le
choc des ennemis.
XCVIII. Dans un moment si critique, Manus, toujours
intrépide, n'a rien perdu de son sang-froid ; avec son
escadron, qu'il a composé de l'élite des braves plutôt que de
ses favoris, il se porte partout, tantôt soutenant ceux des
siens qu'il voit accablés, tantôt enfonçant les ennemis là où
leurs rangs sont le plus serrés ; son bras protège les soldats,
puisqu'il ne peut, au milieu du trouble général, leur faire
entendre ses ordres. Déjà le jour était fini, et les Barbares
ne se ralentissaient point, et, persuadés, d'après l'ordre de
leurs rois, que la nuit leur serait favorable, ils nous
pressaient avec une nouvelle fureur. Alors Marius prend
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