Page 110 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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penchant naturel à l'homme, à la curiosité d'observer des
          lieux inconnus. Là, par hasard, un grand chêne avait poussé
          ses racines dans les fentes du roc, sa tige, d'abord inclinée,
          s'était ensuite redressée, et élevée dans une direction
          verticale, selon la loi commune de tous les végétaux. Le
          Ligurien, s'appuyant tantôt sur les branches, tantôt sur les
          saillies du rocher, peut, à loisir, reconnaître l'esplanade du
          château, les Numides étaient tous occupés à se défendre
          contre les assiégeants. Après avoir fait toutes ces
          remarques, qu'il comptait bientôt mettre à profit, il descend
          par le même chemin, non pas sans réflexion, comme il était
          monté, mais en sondant le terrain, et en examinant toutes
          choses avec soin. Aussitôt il va trouver Marius, lui raconte
          ce qui lui est arrivé, l'exhorte à faire une tentative sur le
          château du côté par où il était descendu, et s'offre à servir
          lui-même de guide, à prendre la première part du péril.
          Marius envoie sur-le-champ, avec le Ligurien, quelques-
          uns de ceux qui étaient présents, pour s'assurer de la
          créance qu'on peut accorder aux promesses de cet homme.
          Chacun d'eux, selon son caractère, juge l'entreprise aisée
          ou difficile. Cependant le consul sent quelque peu se
          ranimer son espoir. Parmi les trompettes et les cors de

          l'armée, il choisit cinq hommes des plus agiles, et leur
          adjoint, pour les soutenir, quatre centurions. Tous reçoivent
          l'ordre d'obéir au Ligurien puis le jour suivant est fixé pour
          l'escalade.

          XCIV. Au temps marqué, tout est disposé, préparé, et la
          petite troupe se dirige vers l'endroit convenu. Les


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