Page 106 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
P. 106

que les Numides ne se nourrissent guère que de lait et de la
          chair des animaux sauvages, sans y ajouter le sel et tous ces
          assaisonnements qui irritent le palais. Ils ne mangent et ne
          boivent que pour la faim et pour la soif, et non pour
          satisfaire une dispendieuse sensualité.


          XC. Le consul, après avoir tout examiné, se reposa, je
          crois, sur la protection des dieux car, contre de si grandes
          difficultés, qu'aurait pu la puissance humaine ? De plus, il
          avait à craindre la disette de grains, parce que les Numides
          aiment mieux laisser leurs terres en pâturages qu'en
          céréales, et le peu qui venait d'en être récolté, ils l'avaient,
          d'après l'ordre du roi, transporté dans des places fortes.
          Enfin, les champs étaient alors dépouillés de leurs produits,
          car on touchait à la fin de l'été. Toutefois Marius concerte
          ses mesures aussi sagement que pouvait le permettre la
          circonstance. Il confie à la cavalerie auxiliaire la conduite
          de tout le bétail enlevé les jours précédents. Il ordonne à
          son lieutenant, A. Manlius, d'aller avec les troupes légères
          l'attendre à Laris, où étaient déposés le trésor et les vivres
          de l'armée. Il lui promet de venir bientôt le rejoindre, après
          avoir pillé le pays. Ainsi, dissimulant son projet, il se dirige
          vers le fleuve Tana.


          XCI. Dans la marche, il fit faire chaque jour à son armée
          une distribution égale de bétail par centuries et par
          escadrons, et veilla à ce qu'on fabriquât des outres avec les
          peaux. Ainsi il suppléa au manque de grains, et en même
          temps, sans laisser pénétrer son secret, il se ménagea les


          www.dzwebdata.com
   101   102   103   104   105   106   107   108   109   110   111