Page 101 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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père et d'autres personnages d'une vie irréprochable m'ont
enseigné que ces futilités conviennent aux femmes, et le
travail aux hommes, qu'il faut au brave moins de richesses
que de gloire, et que ses armes, et non ses ameublements,
sont sa parure. Eh bien donc ! qu'ils la mènent toujours,
cette vie qui leur plaît tant, qui leur est si chère ; qu'ils
fassent l'amour, qu'ils boivent, et que, comme ils
consumèrent leur adolescence, ils passent leur vieillesse au
milieu des festins, esclaves de leur ventre et des appétits les
plus honteux, qu'ils nous laissent la sueur, la poussière,
toutes les fatigues, à nous qui les trouvons mille fois plus
douces que leurs orgies. Mais il n'en est point ainsi, ces
hommes infâmes, après s'être souillés de toutes les
turpitudes, cherchent à ravir aux gens de bien les
récompenses de la vertu. Ainsi, par une monstrueuse
injustice, la luxure et la lâcheté, ces détestables vices, ne
nuisent point à ceux qui s'y complaisent, et perdent la
république innocente de ces excès. Maintenant que je leur
ai répondu comme il convenait à mon caractère, et non pas
à leurs honteux dérèglements, j'ajouterai quelques mots
dans l'intérêt de l'Etat. Premièrement, Romains, ayez bonne
opinion des affaires de la Numidie car tout ce qui jusqu'à
présent a fait l'appui de Jugurtha, vous l'avez écarté, je
veux dire l'avarice, l'impéritie, l'orgueil. De plus, vous avez
là une armée qui connaît le pays, mais qui certes fut plus
brave qu'heureuse, et dont une grande partie a été sacrifiée
par l'avarice ou par la témérité des chefs. Vous donc, qui
avez l'âge de la milice, joignez vos efforts aux miens,
prenez en main la défense de la république, que personne
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