Page 104 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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contre son attente, il fut reçu avec des transports de joie.
L'envie était désarmée, et il devint également cher au
peuple et au sénat. Quant à Marius, avec autant d'activité
que de prudence, il porte un oeil également attentif sur la
position de l'ennemi et sur la sienne, remarque ce qui peut
leur être réciproquement favorable ou contraire. Il épie la
marche des deux rois, prévient leurs projets ou leurs
stratagèmes, tient continuellement les siens en haleine et
l'ennemi en échec. Ainsi, les Gétules et Jugurtha, qui
venaient de piller nos alliés, se virent à leur retour attaqués
et battus, le prince lui-même, surpris non loin de Cirta, fut
contraint d'abandonner ses armes. Bientôt, considérant que
ces expéditions, bien que glorieuses, ne terminaient pas la
guerre, Marius résolut d'assiéger successivement toutes les
villes qui, par la force de leur garnison ou de leur position,
pouvaient favoriser les projets de l'ennemi ou contrarier les
siens. Ainsi Jugurtha allait être ou privé de ses garnisons,
s'il se laissait enlever ses places, ou forcé de combattre.
Quant à Bocchus, il avait, par ses émissaires, donné
plusieurs fois au consul l'assurance « qu'il désirait l'amitié
du peuple romain, et qu'on n'avait à craindre de sa part
aucune hostilité ». Etait ce un piège, afin de nous
surprendre avec plus d'avantage, ou inconstance de
caractère, qui le faisait pencher tantôt pour la paix, tantôt
pour la guerre ? C'est ce qu'on ne saurait facilement
décider.
LXXXIX. Le consul, suivant son plan, attaque les villes et
les châteaux fortifiés, employant, pour les enlever à
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