Page 107 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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ustensiles dont il avait besoin. Enfin, au bout de six jours,
lorsqu'on fut arrivé au fleuve, une grande quantité d'outres
se trouva faite. Là, Marius établit un camp légèrement
fortifié, ordonne aux soldats de prendre de la nourriture,
puis de se tenir prêts à partir au coucher du soleil, et,
débarrassés de tout leur bagage, de ne se charger que d'eau,
eux et leurs bêtes de somme. A l'heure fixée, on décampe
puis, après avoir marché toute la nuit, on s'arrête : on fait
de même le lendemain ; enfin, le troisième jour, bien avant
le lever de l'aurore, on arrive dans un lieu couvert
d'éminences, et qui n'était pas à plus de deux milles de
Capsa. Là, Marius fait halte avec toutes ses troupes, et se
tient caché le mieux qu'il lui est possible. Aussitôt que le
jour paraît, les Numides, ne redoutant aucune hostilité,
sortent en grand nombre de la ville : à l'instant Marius
ordonne à toute sa cavalerie et aux fantassins les plus agiles
de se porter au pas de course sur Capsa, et de s'emparer des
portes. Lui-même les suit en toute hâte, mais en bon ordre
et sans permettre au soldat de piller. Dès que les habitants
s'aperçurent du danger, le tumulte, l'excès de la crainte et
de l'étonnement, enfin, la perte d'une partie de leurs
concitoyens faits prisonniers hors des remparts, tout les
oblige à se rendre. Cependant la ville est livrée aux
flammes, tous les Numides en âge de porter les armes sont
passés au fil de l'épée, le reste est vendu, et le butin partagé
aux soldats. Exécution sanglante, contraire au droit de la
guerre, et dont on ne doit pourtant accuser ni la cruauté ni
l'avarice du consul mais cette place, position très
avantageuse pour Jugurtha, était pour nous d'un difficile
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