Page 108 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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accès, et ses habitants, race mobile, perfide, ne pouvaient
être enchaînés ni par la crainte ni par les bienfaits.
XCII. Après avoir accompli, sans perdre un seul homme,
une entreprise si importante, Marius, déjà grand et illustre,
parut plus grand et plus illustre encore, ses projets les plus
hasardés passaient pour l'effort du génie et du courage. Ses
soldats, charmés de la douceur de son commandement, et
enrichis sous ses drapeaux, l'élevaient jusqu'au ciel, les
Numides le redoutaient comme un être au-dessus de
l'humanité enfin les alliés, aussi bien que les ennemis, lui
attribuant une intelligence divine, croyaient qu'il n'agissait
que par l'inspiration des dieux. Ce succès obtenu, le consul
marche rapidement vers d'autres villes, quelques-unes,
malgré la résistance des Numides, tombent en son pouvoir,
beaucoup d'autres, abandonnées par les habitants,
qu'effrayait le désastre de Capsa, sont par ses ordres livrées
aux flammes, partout il porte le carnage et la désolation.
Après s'être ainsi rendu maître de beaucoup de villes, la
plupart sans coup férir, il forme une nouvelle entreprise,
qui, sans offrir les mêmes dangers que la conquête de
Capsa, n'en était pas moins difficile. Non loin du fleuve
Mulucha, limite entre les Etats de Bocchus et ceux de
Jugurtha, dans une plaine d'ailleurs unie, s'élevait, à une
hauteur prodigieuse, un énorme rocher, dont le sommet
était couronné par un château de médiocre grandeur, où
l'on n'arrivait que par un sentier étroit : tout le reste du roc
était de sa nature aussi escarpé que si la main de l'homme
l'eût taillé à dessein. Dans ce château étaient les trésors du
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