Page 112 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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campés au devant du rempart, injuriant les Romains,
reprochant à Marius sa folle témérité, et menaçant nos
soldats des fers de Jugurtha : le succès les rendait insolents.
Tandis que Romains et Numides combattent tous avec
ardeur, les premiers pour la gloire et l'empire, les autres
pour leur salut, tout à coup par derrière sonnent les
trompettes. D'abord fuient et les femmes et les enfants
qu'avait attirés le spectacle du combat, puis ceux des
assiégés qui étaient le plus près du rempart, puis tous les
habitants armés ou sans armes. Dans ce moment, les
Romains pressent plus vivement les ennemis, les
renversent et se contentent de les blesser ; puis, marchant
sur le corps de ceux qu'ils ont tués, ils se disputent à l'envi
la gloire d'escalader le rempart. Pas un seul ne s'arrête pour
piller, ainsi le hasard répara la témérité de Marius, et une
faute ajouta à sa gloire.
XCV. Cependant le questeur L. Sylla arrive au camp avec
un corps considérable de cavalerie levé dans le Latium et
chez les alliés, opération pour laquelle il avait été laissé à
Rome. Mais, puisque mon sujet m'a conduit à nommer ce
grand homme, il me paraît à propos de donner une idée de
son caractère et de ses moeurs. Aussi bien n'aurai-je pas
ailleurs occasion de parler de ce qui concerne Sylla et L.
Sisenna, le meilleur et le plus exact de ses historiens, ne me
paraît pas s'être exprimé sur son compte avec assez
d'indépendance. Sylla était d'une famille patricienne,
presque entièrement déchue par la nullité de ses ancêtres. Il
possédait également et à un éminent degré les lettres
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