Page 111 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
P. 111
centurions d'ailleurs avaient, d'après l'avis de leur guide,
quitté leurs armes et leurs insignes ; la tête découverte pour
mieux voir, les pieds nus pour grimper plus facilement le
long des rochers. A leur dos étaient attachés leur épée et
leur bouclier fait de cuir, à la manière des Numides, afin
que le poids en fût plus léger et le choc moins bruyant. Le
Ligurien les précède : aux pointes de rochers et aux vieilles
racines qui formaient saillie, il attache des noeuds coulants
qui retiennent les soldats et les aident à gravir plus
aisément, quelquefois il donne la main à ceux qu'effraye
une route si nouvelle ; quand la montée devient plus roide,
il les fait passer devant lui l'un après l'autre, et désarmés
puis il les suit en portant leurs armes. Aux pas qui
paraissent les plus difficiles à franchir, le premier il sonde
le terrain, montant, descendant plusieurs fois, et se jetant
aussitôt de côté, pour inspirer son audace à ses
compagnons. Enfin, après bien du temps et des fatigues, ils
arrivent au château, abandonné de ce côté, parce que, ce
jour-là comme les précédents, les Numides faisaient face
aux assiégeants. Marius est informé, par ses courriers, de
ce que vient de faire le Ligurien, et, bien que toute la
journée il n'eût point cessé de harceler les ennemis, il
exhorte ses troupes, sort de dessous les galeries, ordonne à
ses soldats de former la tortue, et met en mouvement ses
machines, ses archers et ses frondeurs, pour tenir de loin
1'ennemi en échec. Les Numides, qui précédemment
avaient plusieurs fois renversé, incendié les mantelets des
assiégeants, ne cherchaient déjà plus une défense derrière
les murs du château, ils passaient les jours et les nuits
www.dzwebdata.com