Page 109 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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roi, Marius employa donc tous ses efforts pour s'en
emparer mais le hasard le servit mieux que ses prévisions.
En effet, ce fort, suffisamment pourvu de troupes et
d'armes, renfermait beaucoup de grains et une source d'eau
vive. Les terrasses, les tours, et les autres machines de
siège ne pouvaient être dressées sur un semblable
emplacement. Le chemin conduisant au château était fort
étroit, et de tous côtés coupé à pic, c'était avec un grand
péril et sans nul avantage qu'on mettait en jeu les mantelets
car, pour peu qu'on les approchât de la place, ils étaient
détruits à coups de pierres ou par la flamme, nos soldats ne
pouvaient, vu l'escarpement du terrain, se tenir en avant des
ouvrages, ni travailler sans danger sous les mantelets. Les
plus entreprenants étaient tués ou blessés, les autres
perdaient courage.
XCIII. Cependant Marius, après bien des journées perdues
en travaux inutiles, tombe dans la perplexité : renoncera t’il
à une entreprise jusqu'à présent sans résultat ? ou se
reposera t’il sur la fortune, qui tant de fois l'a si
heureusement servi ? Il passe ainsi bien des jours et des
nuits, travaillé par ces incertitudes. Enfin, un Ligurien,
simple soldat des cohortes auxiliaires, sorti du camp pour
chercher de l'eau, du côté de la citadelle opposé à celui de
l'attaque, remarque par hasard des limaçons qui rampaient
dans une crevasse du rocher. Il en ramasse un, puis deux,
puis davantage, et guidé par le désir d'en trouver d'autres, il
gravit insensiblement jusqu'au sommet de la montagne.
Assuré que cet endroit était entièrement solitaire, il cède,
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