Page 105 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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l'ennemi, ici la force, là les menaces ou les présents.
D'abord, il s'attache aux moindres places, dans la pensée
que, pour secourir les siens, Jugurtha se déciderait à en
venir aux mains. Mais, apprenant qu'il était éloigné, et
occupé d'autres projets, il jugea qu'il était temps de tenter
des entreprises plus importantes et plus difficiles. Au
milieu de vastes solitudes, était une ville grande et forte,
nommée Capsa, et dont Hercule Libyen passe pour le
fondateur. Exempts d'impôts depuis le règne de Jugurtha,
traités avec douceur, ses habitants passaient pour être
dévoués à ce prince. Ils étaient protégés contre l'ennemi par
leurs fortifications, leurs armes, et le nombre de leurs
combattants, mais encore plus par d'affreux déserts. Car,
excepté les environs de la ville, tout le reste de la contrée
est inhabité, inculte, privé d'eau, infesté de serpents, dont la
férocité, comme celle de toutes les bêtes sauvages, devient
plus terrible encore par le manque de nourriture. D'ailleurs,
rien n'irrite comme la soif les serpents, déjà si dangereux
par eux-mêmes. Tout dans la conquête de cette ville excite
au plus haut degré l'ambition de Marius, et son importance
pour la suite de la guerre, et la difficulté de l'entreprise et la
gloire éclatante qu'avait procurée à Metellus la prise de
Thala. En effet, ces deux villes étaient peu différentes par
leur force et par leur position, seulement tout près de Thala
se trouvaient quelques sources, et les habitants de Capsa
n'avaient dans l'enceinte de leur ville qu'une fontaine d'eau
vive ; ils se servaient aussi d'eau de pluie. Là, comme dans
la partie de l'Afrique dont les solitudes arides s'étendent
loin de la mer, la disette d'eau est d'autant plus supportable,
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