Page 102 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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désormais ne soit intimidé par les malheurs que d'autres ont
éprouvés ou par l'arrogance des généraux. Dans les
marches, dans les combats, guide et compagnon de vos
périls, je serai toujours avec vous : entre vous et moi tout
sera commun. Et, je puis le dire, grâce à la protection des
dieux, tout nous vient à point, le succès, le butin, la gloire.
Lors même que ces avantages seraient éloignés ou
incertains, il serait encore du devoir des bons citoyens de
venir au secours de la république. En effet, la lâcheté ne
rend personne immortel, et jamais père n'a désiré pour ses
enfants une vie éternelle, mais bien une vie pure et
honorable. J'en dirais davantage, Romains, si les paroles
pouvaient donner du courage aux lâches. Quant aux braves,
j'en ai, je pense, dit assez pour eux ».
LXXXVI. Ainsi parla Marius. Voyant que par sa harangue
il a affermi le courage du peuple, il se hâte d'embarquer des
vivres, de l'argent, et tous les approvisionnements
nécessaires. A la tête de ce convoi, il fait partir son
lieutenant Aulus Manlius. Pour lui, il enrôle des soldats,
non dans l'ordre des classes, suivant l'ancienne coutume,
mais indistinctement, selon qu'ils se présentaient, et
prolétaires la plupart, faute, selon les uns, de trouver des
riches, selon d'autres, calcul d'ambition de la part du
consul, qui devait à cette classe infime de citoyens son
crédit et son élévation ; et, en effet, pour qui aspire à la
puissance, les plus utiles auxiliaires sont les plus indigents,
qui, n'ayant rien à ménager, puisqu'ils ne possèdent rien,
regardent comme légitime tout ce qui leur vaut un salaire.
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