Page 99 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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veulent pas que je m'en fasse un de la mienne, sans doute,
parce que je n'ai point d'aïeux, parce que ma noblesse
commence à moi, comme s'il ne valait pas mieux en être
soi-même l'auteur, que de dégrader celle qui vous est
transmise. Certes, je n'ignore pas que, s'ils veulent me
répondre, ils ne manqueront point de phrases élégantes et
habilement tournées ; mais, comme à l'occasion de
l'éclatant bienfait que j'ai reçu de vous, ils nous déchirent
vous et moi, en toute occasion, par leurs mauvais propos, je
n'ai pas cru devoir me taire, de peur qu'ils prissent pour un
aveu de la conscience le silence de la modestie. Ce n'est
pas toutefois que personnellement aucun discours puisse
me nuire, vrais, ils sont nécessairement à mon avantage,
faux, ma conduite et mes moeurs les démentent.
Cependant, puisqu'ils incriminent vos décrets, pour m'avoir
confié un honneur insigne et une importante expédition,
examinez, oui, examinez bien si vous avez lieu de revenir
sur votre décision. Je ne puis, pour justifier votre
confiance, étaler les images, les triomphes ou les consulats
de mes ancêtres ; mais je produirai, s'il le faut, des
javelines, un étendard, des colliers, vingt autres dons
militaires, et les cicatrices qui sillonnent ma poitrine. Voilà
mes images, voilà ma noblesse : comme eux, je ne les ai
pas recueillis par héritage, moi seul, je les ai obtenus à
force de travaux et de périls.
Mes discours sont sans apprêt, je ne m'en embarrasse
guère. La vertu brille assez d'elle-même, c'est à eux qu'il
faut de l'art pour cacher par de belles phrases la turpitude
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