Page 94 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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LXXXIII. Réduit à l'inaction par la douleur, et regardant
comme une folie de poursuivre à ses risques et périls une
guerre qui lui devenait étrangère, il envoie des députés à
Bocchus, pour lui représenter qu'il ne devait pas, sans
motif, se faire l'ennemi du peuple romain, qu'il avait une
belle occasion d'obtenir son alliance et son amitié, bien
préférables à la guerre ; que, quelque confiance qu'il eût en
ses forces, il ne devait pas sacrifier le certain pour
l'incertain, que toute guerre est facile à entreprendre, mais
très malaisée à terminer, que celui qui la commence n'est
pas le maître de la finir, qu'il est permis, même au plus
lâche, de prendre les armes, mais qu'on ne les dépose qu'au
gré du vainqueur enfin, que Bocchus, dans son intérêt et
dans celui de son royaume, ne devait pas associer sa
fortune florissante au sort désespéré de Jugurtha. A ces
ouvertures, le roi répondit avec assez de modération qu'il
désirait la paix, mais qu'il était touché des malheurs de
Jugurtha, que, si son gendre était pour sa part admis à
traiter, tout serait bientôt d'accord. Metellus, d'après cette
proposition de Bocchus, lui envoie de nouveaux députés.
Le monarque agrée une partie de leurs demandes, et rejette
les autres. Ainsi, à la faveur de ces députations successives,
le temps s'écoula, et, comme l'avait désiré Metellus, les
hostilités furent suspendues.
LXXXIV. Dès que Marius, porté, comme nous l'avons dit,
au consulat, par les voeux ardents du peuple, en eut obtenu
la province de la Numidie, lui, de tout temps l'ennemi des
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