Page 91 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
P. 91

encourir. Ils accusent les Carthaginois d'être partis de chez
          eux avant le temps prescrit, ils soutiennent que la
          convention est nulle, et se montrent disposés à tout plutôt
          que de céder la victoire. Les Carthaginois consentent à de
          nouvelles conditions, pourvu qu'elles soient égales. Les
          Grecs leur laissent le choix ou d'être enterrés vifs à
          l'endroit qu'ils prétendaient fixer pour limites de leur pays,
          ou de laisser avancer leurs adversaires jusqu'où ils
          voudraient, sous la même condition. Les Philènes acceptent
          la proposition ; ils font à leur patrie le sacrifice de leurs
          personnes et de leur vie, et sont enterrés vifs. Les
          Carthaginois élevèrent sur le lieu même des autels aux
          frères Philènes, et leur décernèrent d'autres honneurs au
          sein de leur ville. Maintenant je reviens à mon sujet.


          LXXX. Jugurtha, après la perte de Thala, voyant que rien
          ne pouvait résister à Metellus, traverse de vastes déserts,
          avec un petit nombre d'hommes, et arrive jusque chez les
          Gétules, nation sauvage et grossière, qui ne connaissait pas
          encore le nom romain. Il rassemble en corps d'armée cette
          nombreuse population, l'accoutume insensiblement à
          garder ses rangs, à suivre les drapeaux, à obéir au
          commandement, enfin à exécuter les autres manoeuvres de
          la guerre. En outre, pour mettre le roi Bocchus dans ses
          intérêts, il gagne les ministres de ce prince avec de grands
          présents et de plus grandes promesses. Aidé de leurs
          secours, il s'adresse au monarque lui-même, et l'entraîne
          dans une guerre contre les Romains. Bocchus inclinait
          d'autant plus facilement vers ce parti, que, dès le


          www.dzwebdata.com
   86   87   88   89   90   91   92   93   94   95   96