Page 93 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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les bagages. Jugurtha se flattait, ou de faire une conquête
          importante, s'il prenait cette ville ou, si les Romains
          venaient la secourir, d'engager une bataille car le rusé
          Numide n'avait rien de plus pressé que d'entraîner Bocchus
          à une rupture ouverte, sans lui laisser le temps de choisir
          d'autre parti que la guerre.

          LXXXII. Dès qu'il eut appris la coalition des deux rois, le
          proconsul ne se hasarde plus à présenter le combat
          indistinctement dans tous les lieux, comme il avait
          coutume de faire à l'égard de Jugurtha, si souvent vaincu. Il
          se contente d'attendre ses adversaires dans un camp
          retranché, non loin de Cirta, voulant se donner le temps de
          connaître les Maures, pour combattre avec avantage ces
          nouveaux ennemis. Cependant des lettres de Rome lui
          donnèrent l'assurance que la province de la Numidie était
          donnée à Marius, dont il savait déjà l'élévation au consulat.
          Consterné de cette nouvelle plus qu'il ne convenait à la
          raison et à sa dignité, Metellus ne put ni retenir ses larmes,
          ni modérer sa langue. Cet homme, doué d'ailleurs de si
          éminentes qualités, s'abandonna trop vivement à son
          chagrin. Les uns attribuaient cette faiblesse à l'orgueil,

          d'autres au ressentiment d'une âme honnête qui reçoit un
          affront, la plupart, au regret de se voir arracher une victoire
          qu'il tenait déjà dans ses mains. Pour moi, je sais que
          l'élévation de Marius, plus que sa propre injure, déchirait
          l'âme de Metellus, et qu'il eût éprouvé moins de chagrin, si
          la province qui lui était enlevée eût été confiée à tout autre
          qu'à Marius.

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