Page 95 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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nobles, il donne un libre essor à son animosité, et ne cesse
de les attaquer, soit en corps, soit individuellement. Il
répétait tout haut que son consulat était une dépouille
conquise sur des vaincus : on l'entendait, en outre, parler de
lui en termes magnifiques, des nobles, avec l'expression du
mépris. Toutefois il s'occupe avant tout de pourvoir aux
besoins de la guerre, sollicite un supplément aux légions,
demande des troupes auxiliaires aux peuples, aux rois, aux
alliés, et fait un appel à tout ce que le Latium avait de plus
vaillants soldats : la plupart lui étaient connus pour avoir
servi sous ses yeux, les autres, de réputation. Par ses
sollicitations, il force jusqu'aux vétérans à partir avec lui.
Le sénat, malgré son aversion pour Marius, n'osait rien lui
refuser, il avait même décrété avec joie le supplément
demandé, dans la pensée que la répugnance du peuple pour
le service militaire ferait perdre à Marius ou les ressources
sur lesquelles il comptait pour la guerre, ou sa popularité.
Mais l'attente du sénat fut déçue, tant était vif chez les
plébéiens le désir de suivre Marius ! Chacun se flattait de
revenir dans ses foyers vainqueur, riche de butin, et se
repaissait des plus belles espérances. Une harangue de
Marius n'avait pas peu contribué à exalter les esprits. En
effet, dès qu'il eut obtenu les décrets qu'il avait sollicités,
au moment de procéder à l'enrôlement, il convoqua le
peuple, tant pour l'exhorter que pour exhaler contre la
noblesse sa haine accoutumée, et parla en ces termes :
LXXXV. « Je sais, Romains, que la plupart de vos
magistrats ont une conduite bien différente pour briguer le
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