Page 118 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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et distribuait, à qui de droite l'éloge ou la réprimande ;
toujours armé, toujours sur ses gardes, il voulait que le
soldat le fût toujours aussi. Non moins vigilant pour la
défense du camp que pendant la marche, il faisait veiller
aux portes des cohortes tirées des légions, et en avant du
camp une partie de la cavalerie auxiliaire. Il en plaçait
d'autres dans des retranchements au-dessus de la palissade
d'enceinte, faisant même la ronde en personne, non qu'il
craignît l'inexécution de ses ordres, mais afin que le soldat,
en voyant son général partager ses travaux, s'y portât
toujours de bonne volonté. Et certes, dans cette
circonstance, comme dans tout le cours de cette guerre, ce
fut par l'honneur bien plus que par le châtiment que Marius
maintint la discipline dans son armée, désir ambitieux de
flatter le soldat, ont dit quelques-uns, d'autres ont prétendu
qu'habitué dès l'enfance à une vie dure il s'était fait un
plaisir de tout ce qui est une peine pour les autres. Quoi
qu'il en soit, par cette conduite, Marius servit aussi bien et
aussi glorieusement l'Etat qu'il l'eût fait par la rigueur du
commandement.
CI. Enfin, le quatrième jour, non loin de la ville de Cirta,
les éclaireurs se montrent de tous côtés à la fois, ce qui
annonçait l'approche de l'ennemi. Mais comme, venant de
divers points, ils faisaient tous le même rapport, le consul,
incertain sur l'ordre de bataille qu'il doit choisir, ne change
rien à ses dispositions, et, prêt à faire face de toutes parts, il
attend de pied ferme. Ainsi fut trompé l'espoir de Jugurtha,
qui avait partagé ses troupes en quatre corps, comptant que,
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