Page 123 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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le plus misérable, ils se réfugient auprès de Sylla, que le
consul, partant pour son expédition, avait laissé en la
qualité de préteur. Sylla les reçut, non comme des ennemis
sans foi, ainsi qu'ils le méritaient, mais avec égard et
générosité. Cette conduite fit croire aux Barbares qu'on
accusait à tort les Romains d'avarice, et que Sylla, qui les
traitait avec tant de munificence, ne pouvait être que leur
ami. En effet, dans ce temps encore, on connaissait à peine
les largesses intéressées ; point de libéralité qui ne passât
pour une preuve de bienveillance : tout don semblait offert
par le coeur. Ils communiquent donc au questeur les
instructions de Bocchus, ils lui demandent en même temps
son appui, ses conseils, ils vantent, dans un long discours,
les forces, la loyauté, la grandeur de leur souverain, ils
ajoutent tout ce qu'ils croient utile à leur cause ou propre à
gagner la bienveillance. Enfin, après que Sylla leur a tout
promis, et les a instruits de la manière dont ils doivent
parler à Marius et ensuite au sénat, ils restent auprès de lui
environ quarante jours, attendant le consul.
CIV. Marius, de retour à Cirta, sans avoir réussi dans son
entreprise, est instruit de l'arrivée des députés ; il les fait
venir, ainsi que Sylla, L. Bellienus, préteur à Utique, et en
outre tous les sénateurs qui étaient dans la province. Avec
eux, il prend connaissance des instructions données par
Bocchus, de la demande qu'il fait au consul d'envoyer ses
ambassadeurs à Rome, et de son offre d'une suspension
d'armes pendant les négociations. Sylla et la majorité du
conseil agréent ces propositions ; quelques-uns s'y
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