Page 126 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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Jugurtha a pris position à environ deux mille pas devant
eux. A cette nouvelle, l'épouvante gagne nos soldats, ils se
croient trahis par Volux, environnés d'embuscades :
quelques-uns même parlent de faire justice du traître, et de
ne pas laisser un tel attentat sans vengeance.
CVII. Sylla partage ces soupçons, toutefois il protège le
Maure contre toute violence, il exhorte les siens «à
conserver leur courage : plus d'une fois, leur dit-il, une
poignée de braves a triomphé d'ennemis sans nombre :
moins vous vous épargnerez dans le combat, moins vous
aurez à craindre, quelle honte pour le guerrier, dont les bras
sont armés, de chercher une défense dans ses pieds, qui
sont sans armes, et de tourner à l'ennemi, par l'excès de la
crainte, la partie du corps qui ne peut ni voir ni parer les
coups !» Ensuite, après avoir pris le grand Jupiter à témoin
du crime et de la perfidie de Bocchus, il ordonne à Volux,
puisqu'il a agi en ennemi, de sortir du camp. Volux le
conjure, les larmes aux yeux, «de renoncer à une telle
pensée, il lui proteste qu'il ne l'a trahi en rien, il faut tout
imputer à la sagacité de Jugurtha, qui, par ses espions, avait
eu sans doute connaissance de sa marche. Il ajoute que
Jugurtha, qui n'a point une troupe considérable, et qui n'a
de ressource et d'espoir que dans Bocchus, n'osera rien
ouvertement en présence du fils de son protecteur, le
meilleur parti lui semble donc de passer hardiment au
milieu du camp de Jugurtha. Quant à lui, soit qu'on détache
en avant, soit qu'on laisse en arrière l'escorte de ses
Maures, il ira seul avec Sylla ». Un tel expédient, dans
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