Page 123 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
Mais le mari était entré dans la pièce et n'en sortait
pas. Bien pis, il commençait à dîner. Comment
faire évader le galant ?
L'épouse inJBdèle, affectant d'être en belle humeur,
se mit à raconter des historiettes galantes.
— Il y avait, raconta-t-elle notamment, une
femme que son mari faillit surprendre dans les bras
de son amant. Elle eut juste le temps de cacher
celui-ci sous le lit. Puis, il lui fallut dîner en tête à
tète avec son mari dans la pièce même. Elle eut alors
il 'idée de jouer avec l'époux trompé. Tout en folâtrant,
elle prit une pièce d'étoffe — comme celle-ci — et la
mit — comme cela — sur les yeux du cocu, qui ne
faisait qu'en rire, ce qui permit à l'amant de s'enfuir
sans être vu.
L'homme qui était sous le lit, entendant ce conte,
comprit la ruse qu'employait sa maîtresse. Il sortit de
sa cachette et se sauva sur la pointe des pieds, cepen-
dant que le mari, les yeux bandés, cherchait à
attraper sa femme et riait aux éclats.
Un amant heureux, pour pouvoir passer une nuit
complète avec sa maîtresse, pria un de ses amis de
l'y aider.
La femme donna ses habits à cet ami et celui-ci se
rendit chez le mari trompé sous ce déguisement.
Le mari s'y laissa prendre et dîna d'abord avec
l'homme qu'il prenait pour sa femme. Mais celui-ci,
dans son émotion, laissa tomber un plat précieux qui
se brisa en mille morceaux, répandant à terre son
contenu, cependant que la sauce tachait et coulait sur
les vêtements du mari. Furieux, ce dernier, qui était
un homme brutal et emporté, entra dans une violente
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