Page 122 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
P. 122
HISTOIRES ARABES
fatigant que d'être cordonnier, et de coudre le cuir
avec de grandes aiguilles, du matin au soir, comme
je l'ai fait jusqu'à ce jour. »
Il s'établit donc devin et donna des consultations.
Pour être sûr de plaire aux gens, il leur annonçait
toujours Ja naissance prochaine d'un garçon.
{( Comme cela demande neuf mois, se disait-il, nous
avons le temps. D'ici là, il se passera bien des choses.
A la rigueur, je quitterai la ville avant léchéance
et j'irai dans une autre exercer ce métier charmant.
En attendant, les gens sont contents et me paient
bien. »
Les premiers jours se passèrent ainsi et notre
homme gagna quelque argent en annonçant toujours
systématiquement à ses pratiques une nombreuse
jDrospérité î
Un jour un homme bien vêtu, un peu gras et à la
Yoix aiguë, sortant du palais du Sultan, rencontra
le faux devin et lui demanda la bonne aventure.
— Tu auras bientôt un fils, Seigneur, dit l'ex-
cordonnier, après avoir lu dans ses signes magiques.
Mais, loin de se réjouir et de payer généreuse-
ment, l'inconnu pâlit, jaunit, verdit, se mit en colère,
insulta le devin, lui demandant s'il se moquait de
lui, et le gifla d'importance.
...C'était le chef des eunuques de Sa Majesté !
(( Grande est la ruse des fem-mes », dit le Coran lui-
même.
Voici comment l'une d'elles s'y prit pour faire
échapper son amant à la barbe de son mari :
Ce dernier était revenu plus tôt qu'on ne l'attendait.
La femme n'eut d'autre ressource que de cacher son
amant sous le lit.
- 127 —