Page 118 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
que tu te conduis. Mais quel est l'insolent, fils d'in-
solent, qui... ?
— Tu peux me croire, dit la femme, et d'ailleurs
tu n'as qu'à regarder. L'homme est dans le coffre.
Voici la clef. Tu peux ouvrir...
Le regard sombre et le front contracté, le mari
saisit la clef et s'approcha du coffre où le pauvre
philosophe, qui entendait tou^, tremblait de tous ses
membres et croyait sa dernière heure venue.
Mais, dès que le mari eut reçu la clef, sa femme,
changeant de ton, éclata de rire et s'écria :
— Tu as perdu l'iadesté. Paie-moi mon gage.
Le mari, en effet, songeait à tout autre chose qu'au
jeu convenu. Déconcerté, persuadé qu'il s'agissait
d'une plaisanterie, il s'exécuta, paya à sa femme le
gage, et repartit à ses affaires, le cœur malgré tout
soulagé.
Alors la femme vint ouvrir le coffre, en fît sortir le
philosophe tout courbaturé de l'incommode posture,
mal remis de son émotion et tout penaud.
— Et cette ruse-là, lui dit-elle, est-ce qu'elle était
dans ton livre ? Tu pourras l'y ajouter.
Il y avait une ville dont tous les habitants étaient
idiots (boiihel).
Un étranger y passa un jour et se rendit au ham-
mam prendre un bain pour se reposer des fatigues
du voyage.
Les idiots étaient assis tous ensemble dans la
grande salle du hammam, leurs jambes allongées
devant eux de telle façon que tous les pieds se tou-
chaient.
— H^las ! ô malheur ! criaient les pauvres imbé-
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