Page 19 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
Un homme apporta de la viande à sa femme et
lui dit :
— Tu vas en faire bouillir une partie, car la viande
'bouillie est bonne pour l'estomac. Tu en rôtiras une
autre partie, car la viande rôtie est nourrissante. Et
tu feras griller le reste, car la viande grillée donne
des forces pour l'amour.
— Je n'ai ni four, ni marmite, s'écria alors la
femme. Le mieux est de tout faire griller...
Abou Nowas rencontra un jour dans les rues de
Bagdad un adolescent si beau qu'il ne put s'empêcher
de se jeter sur lui et de l'embrasser sur la bouche.
Mécontent, l'éphèbe traduisit devant le cadi le poète.
Mais le cadi fut si ébloui de sa beauté qu'il se mit a
réciter les vers suivants :
En vérité, si ta veux errvpêcher les gens de t'embras-
ser et de mordre tes lèvres et tes joues, ne te promène
dans les souks qu'avec un voile sur le visage. Ne laisse
point pendre des franges de cheveux sur tes beaux
sourcils et ne montre point de scorpions (boucle de
cheveux) sur tes tempes. Car en faisant ainsi tu fais
m,ourir un malheureux, tu tourmentes un amoureux,
et tu laisses le cadi des musulmans dans Vangoisse.
Le jeune homme, un peu déconcerté, réfléchit un
instant, puis répondit par ces vers :
Nous avions mis en toi notre espoir pour nous ren-
dre la justice. Mais notre attente est déçue. Comment
le monde et ses habitants pourraient-ils s'améliorer si
le cadi des musulmans est un louwat (de Loth, de So-
dome, pédéraste) ?
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