Page 22 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
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Un derviche disait souvent à son disciple :
— Il faut lutter contre soi-niùnie, mortifier ses
désirs. Si lu veux t élever dans la voie mystique, fais
toujours le contraire de ce que ton cœur te dit.
Un jour le disciple trouva €on maître en train de
manger un excellent poulet avec du couscous le plus
fin, tandis que lui-même n'avait pour tout plat que
des vulgaires lentilles.
Il intervertit alors les plats, prit le poulet et mit
devant le derviche les lentilles.
— Mon coeur me disait de manger des lentilles,
expliqua-t-il ; j'ai suivi ton conseil, au lieu d'obéir à
mon coeur, je mange le poulet.
Un autre jour, son maître le trouva sur une belle
adolescente.
— Que fais-tu la ? lui demanda-t-il.
— Mon cœur m*a dit de b... une vieille femme
;
je ne lui ai pas cédé, et je b... cette jeune fille.
Un pauvre poète voyageait en Anatolie pendant
l'hiver, cherchant de villags en village des hôtes de
bonne volonté pour le loger et le nourrir.
Il arriva un jour derant un village dont les habi-
tants étaient tous des voleurs et des pillards, vivant
des voyageurs qu'ils rançonnaient sans pitié !
Loin de recevoir généreusement notre poète, ils le
chassèrent ignominieusement et lâchèrent même les
chiens sur lui.
Le pauvre homme s'enfuit à toutes jambes de peur
d'être mordu. Mais les chiens couraient plus vite
que lui. Il se baissa pour ramasser une pierre afin de
les chasser.
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