Page 25 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
Bahloul rencontra alors quelqu'un qui faisait ses
besoins.
— Bonjour l'ami, lui dit-il, qu'elle soit bien grasse
et que tu puisses avec elle nourrir toi et tonte ta fa-
mille !
L'homme sembla, lui aussi, mal prendre les cho-
ses, il se leva aussitôt, vint à Bahloul et le roua de
coups encore une fois.
— Comment fallait-il donc dire ? gémissait le pau-
vre garçon.
— Il fallait dire : « Qu'elle sèche vite et que le
vent l'emporte ! »
Bahloul, poursuivant son chemin, passa devant un
champ OTJ l'on plantait des oignons.
— Que faites-vous là ? demanda-t-il.
— Nous plantons des oignons.
— Eh bien ! qu'Allah les fasse se dessécher bien
vite et que le vent les emporte !
Tous les cultivateurs tombèrent à bras raccourcis
sur l'infortuné.
— Je voudrais bien être poli, disait-il toujours. 'Mais
comment donc faut-il dire .*
— Il fallait dire : « Qu'ils deviennent gros chacun
comme une grenade ! »
— Bien.
Le Sultan justement passait par là à cheval. 11
souffrait d'une enflure aux yeux.
— Sidna ! s'écria Bahloul. Qu'ils deviennent grog
chacun comme une grenade
î
A ces mots, on voulut l'arrêter et le mettre en
prison. Il s'enfuit à toutes jambes, poursuivi par les
gardes. A force de courir, il arriva devant un homme
teigneux qui lavait du linge en le foulant aux pieds,
près des latrines.
— Cache-toi, lui cria-t-il. Le Sultan a donné l'or-
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