Page 169 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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les effets de mon ressentiment, cruel
              prince, ta barbarie ne sur-
              passe-t-elle pas celle de ma vengeance
              ? Ah ! traître, en atten-
              tant à la vie de l’objet que j’adore,
              ne m’as-tu pas ravi la
              mienne ? Hélas ! ajouta-t-elle en
              adressant la parole au sultan,
              croyant parler au noir, mon soleil, ma
              vie, garderez-vous tou-
              jours le silence ? Êtes-vous résolu de
              me laisser mourir sans me
              donner la consolation de me dire encore
              que vous m’aimez ?
              Mon âme, dites-moi au moins un mot, je
              vous en conjure. »

              Alors le sultan, feignant de sortir
              d’un profond sommeil, et
              contrefaisant le langage des noirs,
              répondit à la reine d’un ton
              grave : « Il n’y a de force et de
              pouvoir qu’en Dieu seul, qui est
              tout-puissant. » À ces paroles, la
              magicienne, qui ne s’y atten-
              dait pas, fit un grand cri pour marquer
              l’excès de sa joie : « Mon
              cher seigneur, s’écria-t-elle, ne me
              trompé-je pas ? est-il bien
              vrai que je vous entende et que vous me
              parliez ? - Malheu-
              reuse ! reprit le sultan, es-tu digne
              que je réponde à tes dis-
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