Page 83 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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au sultan, et lorsqu’elle l’eut
obtenue, elle reprit en ces termes le
conte du pêcheur :
Sire, quand le pêcheur affligé d’avoir
fait une si mauvaise pêche, eut
raccommodé ses filets, que la carcasse
de l’âne avait rompus en plusieurs
endroits, il les jeta une seconde fois.
En les tirant, il sentit encore
beaucoup de résistance, ce qui lui fit
croire qu’ils étaient remplis de
poissons ; mais il n’y trouva qu’un
grand panier plein de gravier et de
fange. Il en fut dans une extrême
affliction. « Ô fortune ! s’écria-t-il
d’une voix pitoyable, cesse d’être en
colère contre moi, et ne persécute
point un malheureux qui te prie de
l’épargner ! Je suis parti de ma maison
pour venir ici chercher ma vie, et tu
m’annonces ma mort. Je n’ai pas d’autre
métier que celui-ci pour subsister, et
malgré tous les soins que j’y apporte,
je puis à peine fournir aux plus
pressants besoins de ma famille. Mais
j’ai tort de me plaindre de toi, tu
prends plaisir à maltraiter les
honnêtes gens, et à laisser de grands
hommes dans l’obscurité, tandis que tu
favorises les méchants, et que tu
élèves ceux qui n’ont aucune vertu qui
les rende recommandables. »