Page 81 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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après quoi ils se dirent adieu, et
              chacun reprit son chemin. Le marchand
              s’en retourna auprès de sa femme et de
              ses enfants, et passa tranquillement
              avec eux le reste de ses jours. Mais,
              sire, ajouta Scheherazade, quelque
              beaux que soient les contes que j’ai
              racontés jusqu’ici à votre majesté, ils
              n’approchent pas de celui du pêcheur.
              Dinarzade, voyant que la sultane
              s’arrêtait, lui dit : « Ma sœur ;
              puisqu’il nous reste encore du temps,
              de grâce, racontez-nous l’histoire de
              ce pêcheur ; le sultan le voudra bien.
              » Schahriar y consentit, et
              Scheherazade reprenant son discours,
              poursuivit de cette manière :

              HISTOIRE DU PÊCHEUR.
              Sire, il y avait autrefois un pêcheur
              fort âgé, et si pauvre, qu’à peine
              pouvait-il gagner de quoi faire
              subsister sa femme et trois enfants,
              dont sa famille était composée. Il
              allait tous les jours à la pêche de
              grand matin, et chaque jour il s’était
              fait une loi de ne jeter ses filets que
              quatre fois seulement.
              Il partit un matin au clair de la lune,
              et se rendit au bord de la mer. Il se
              déshabilla et jeta ses filets ; et
              comme il les tirait vers le rivage, il
              sentit d’abord de la résistance : Il
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