Page 110 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
— Seigneur cadi, mon mari est un misérable ! Ce
brutal me bat tous les jours pour m obliger à renon-
cer à ma dot. Non content de cela, il m'a même dérobé
tout à l'heure mes bijoux, jusqu'aux bracelets qui
me viennent de ma mère. D'ailleurs, ils les a sur lui
et s'apprête à les vendre, car c'est un avare entre les
avares. Fouillez-le ; vous verrez si je mens. Je réclame
justice.
Les bijoux étaient, en effet, dans là sacoche du mari
qui était si interdit qu'il ne trouvait rien à répondre.
Le cadi prononça le divorce à ses dépens et le fît jeter
en prison jusqu'à ce qu'il acquittât le prix de la dot.
Dans la prison il retrouva l'ami cause de son
nialhem', qui, le voyant entrer chargé de chaînes, lui
demanda des nouvelles de la femme qu'il l'avait
chargé de faire sortir de chez lui.
— Que ta figure noircisse ! s'écria l'autre. C'est ma
femme que tu avais séduit, misérable ! Et c'est cette
mâtine qui nous a conduits ici tous les deux.
Un riche commerçant de Bagdad avait une esclave
concubine de dix-sept printemps, fort jolie et fort
experte dans les jeux de l'amour. Il 1 aimait beaucoup
et en était jaloux, car il savait qu'une femme si
chaude devait difficilement gai'der la fidélité et qu'elle
était coquette.
Il dut partir en voyage et la confia aux soins
vigilants d'un sévère eunuque auquel il fit la recom-
mandation suivante :
— Voici une tunique que tu vas revêtir, et voici
une bouteille d'encre. Si ma belle esclave est infidèle,
tu feras une tache d'encre sur ta tunique. Ainsi, je
saurai à mon retour ce qui se sera passé.
Et il partit.
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