Page 111 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
A quelque temps de là, il écrivit à l'eunuque en
demandant des nouvelles.
Voici ce que répondit l'eunuque :
« mon maître, hâte-toi de revenir. Si tu attends
plus longtemps, la robe que tu m'as donnée sera
plus tachetée que la robe d'un léopard, sinon toute
noire, comme celle d'un corbeau. »
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Au centre de l 'Afrique noire.
Trois prisonniers condamnés à mort s'étaient
échappés. On attendait encore de Paris les papiers
administratifs qui devaient dire s'il y avait grâce ou
si l'exécution devait se faire.
Trois jours, les fugitifs restèrent introuvables.
Un matin, le boy du commandant aperçut une
jambe noire qui pendait au bord d'un nid de vautour
nécrophage, sur un baobab qui surplombait le
poste.
Les fugitifs avaient passé trois jours à quinze mètres
au-dessus de terre, dans des nids de vautour. On les
remit en prison.
Quelques semaines passèrent. L'un des condamnés,
à qui l'on faisait confiance et qui était un brave
homme, bien qu'il eût tué plusieurs personnes, soi-
gnait les asperges du commandant qui avait fait venir
des graines et aimait ces souvenirs de la mère-patrie.
Un jour, l'ordre de procéder à l'exécution arriva
de France. On creusa trois trous, et le peloton de
tirailleurs chargea ses fusils.
En marchant à la mort, le noir dit à l'officier :
— Mon commandant, moi croire vaudra mieux
arroser asperges li soir que li matin. Fraîcheur de li
nuit mieux conserver l'humidité.^
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