Page 219 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
Et il laissa tomber le coffre qui se^ brisa.
L'amant en sortit alors et s'enfuit à toutes jambes
;
mais on le rattrapa et on le conduisit à Lokman, dont
la réputation de sagesse était grande, pour juger
l'affaire.
— Faites-lui porter ce qu'elle a fait porter à son
mari, déclara Lokman qui avait vu de ses yeux l'adul-
tère commis la veille.
On remit donc l'amant dans un coffre qu'on atta-
cha avec des cordes à la tête de l'épouse infidèle et
qu'on lui fît porter jusqu'à ce qu'ils mourussent tous
deux.
Qu'importe le jlacon [ourvu qu'on ait Vivresse !
a dit le poète...
Le grand Sultan marocain de la dynastie des Almo-
ravids, Youssef ben Tachfîn, entendit un jour trois
hommes qui faisaient des vœux.
— Plût au ciel, disait l'un, que j'eusse les trésors
du Sultan î
— Que j'aimerais, disait l'autre, habiter dans le
palais de Sidna I
Et le troisième disait
:
— Si seulement j'avais sa femme
!
Homme d'esprit, Youssef ben Tachfin fit venir ce
troisième homme, et l'invita à manger : il lui fit
servir dix marmites différentes, pleines, toutes, du
même ragoût de mouton.
Puis il lui demanda laquelle il préférait.
— Qu'Allah prolonge ton règne ! répondit
l'homme. Elles ont toutes absolument le même goût.
Il n'y a aucune différence.
— Eh bien ! fit le Sultan, il en est de même des
femmes : elles ont toutes le même goût et l'une vaut
l'autre.
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