Page 217 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
A ce moment, le mari revenait. Sa femme lui dit
que l'invité était parti avec la marmite où elle venait
de faire cuire la soupe. Alors, il ressortit à la pour-
suite de l'homme et lui cria de loin :
— Laisse-moi prendre au moins ime taghmissa,
seulement une taghmissa (ce mot se dit pour une
bouchée de pain qu'on trempe dans la sauce, au bord
du plat. On comprend le jeu de mots scabreux,..)
— Pas de danger ! cria l'autre de loin, et pensant
toujours au manche du qandil... Si tu m'attrapais,
tu me le ferais entrer jusqu'au fond...
>-^C
Un jeune homme ^conduit par une vertueuse
femme mariée (i' y en a peut-être plus qu'on ne
pense) voulut se venger.
Il se lia d'amitié avec un jeune garçon serviteur
du mari de la cruelle €t réus^sit ainsi à entrer dans
leur maison pendant une absence des deux époux.
Sur leur lit, il cassa un œuf, y laissant tomber le
blanc, et avalant lui-même le jaune.
Quand le mari rentra, il aperçut le liquide suspect
sur le lit, et s'écria :
— Par Allah c'est de la semence d'homme ! Ma
!
femme est donc une effrontée adultère...
Il se jeta sur son épouse et s'apprêtait à l'égorger
malgré ses protestations et les conseils de modération
des voisins accourus, qui la connaissaient pour une
femme vertueuse, quand le jeune serviteur, ayant
observé le liquide en question, prit une poêle à frire,
le mit dedans, plaça le tout sur le feu et en fit goûter
à tout le monde, prouvant ainsi que ce n'était que du
blanc d'œuf.
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