Page 226 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
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A Damas, jadis, la fille d'un grand vizir était fan-
taisiste et dévergondée, quoique vierge, et aimait à
exciter Jes hommes.
Un jour, elle envoya une vieille entremetteuse
racoler un homme du peuple, bel et fort, mais naïf,
auquel elle offrit un déjeuner, tandis que trois belles
adolescentes, ses suivantes, faisaient de la musique.
Après avoir pincé, mordillé, taquiné de toutes
façons son hôte, la fille du vizir lui dit :
— Je veux me donner à toi ; mais je n'aime pas
les barbes piquantes. Il faut auparavant te raser com-
plciement.
Se raser la barbe est déshonorant, mais l'homme dut
s'exécuter.
Puis elle lui demanda de se mettre nu et de danser
au son des instruments dont jouaient les adolescentes.
L'homme se faisait prier ; mais elle commença
alors à se déshabiller elle-même, se colla à son corps,
lui chatouillant les parties les plus intimes, ce qui
mit notre homme hors de lui et résigné à tout subir
pour la posséder.
Alors, la vieille maquerelle lui farda le visage
comme une putain, lui noircit les yeux de khôl, le
déshabilla, lui enfonça un navet dans le derrière, et
lui dit :
— Quand tu auras dansé ainsi travesti, tu te met-
tras à courir après ma jeune maîtresse. Telle est son
habitude, son caprice et oou goût. Si tu l'attrapes, tu
jouiras à ton gré de son beau corps.
Après avoir regardé notre homme danser dans cette
situation, cependant que les suivantes se tordaient de
rire, la fille du vizir se déshabilla elle-même, se plaça
devant l'homme éperdu et se mit à courir à travers
toute la maison.
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