Page 16 - L'ane d'Or - auteur : APULEE- Libre de droit
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hospitalité de la vieille Hécale.   Appelant alors la jeune fille : Photis,
         dit-il, emporte le bagage de notre hôte, et le dépose avec soin dans
         cette chambre.   Prends dans l’office, et mets à sa disposition ce qu’il
         faut d’huile pour se frotter, de linge pour s’essuyer. Puis conduis-le au
         bain le plus proche. Il a fait un voyage pénible et de longue haleine : il
         doit être fatigué.
            À ces mots, désirant entrer dans les vues parcimonieuses de Milon
         et me concilier d’autant ses bonnes grâces : Grand merci, repris-je ; je
         ne manque jamais de prendre avec moi tout ce qu’il me faut quand je
         voyage.   Quant aux bains, avec ma langue, je saurai bien les trouver.
         Mais je tiens par-dessus tout à ce que mon cheval, qui m’a été d’un
         excellent service, ne manque ni de fourrage ni de grain. Tiens, Photis,
         voici de l’argent pour en acheter.
              Cela fait, et mon bagage étant rangé dans ma chambre, je sortis
         pour me rendre aux bains. Mais je passai d’abord au marché, afin de
         me pourvoir d’un souper.   Il était splendidement approvisionné en
         poisson. Je marchandai ; et ce qu’on m’avait fait cent écus, je l’eus
         pour vingt deniers.   Je sortais de ce lieu, quand je fis rencontre d’un
         certain Pythias qui avait été mon condisciple à Athènes. Il mit quelque
         temps  à  me  reconnaître ;  puis  me  sautant  au  cou,  il  m’embrassa
         tendrement.   Qu’il y a longtemps que nous ne nous sommes vus, mon
         cher Lucius ! sur ma parole, pas depuis que nous quittâmes les bancs
         et la cité de Minerve.   Et quel motif t’amène ici ? Demain tu le sauras,
         lui répondis-je. Mais que vois-je ? Il faut que je te félicite. Un train,
         des faisceaux ! tout l’appareil de la magistrature !   Je suis édile, dit
         Pythias ;  j’ai  la  haute  main  sur  les  approvisionnements.  As-tu
         quelqu’un  à  traiter ?  on  pourra  t’être  utile.  Je  le  remerciai  de  ses
         avances, ayant assez pour mon souper du poisson dont j’avais déjà fait
         emplette.      Mais  Pythias  avisant  mon  panier,  se  mit  à  secouer  les
         poissons pour les mieux examiner : Combien as-tu payé cette drogue ?
         Vingt deniers. C’est tout ce que j’ai pu faire que de les arracher à ce
         prix.
            À ces mots, il me prend brusquement par la main ; et me ramenant
         dans  le  marché :  Et  à  qui  de  ces  gens-là  as-tu  acheté  cette  belle
         marchandise ?   Je montrai du doigt un petit vieillard assis dans un
         coin. Mon homme alors les apostrophant du haut de son édilité :   Est-



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