Page 128 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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s’approcha de la casserole, au grand
étonnement de la cuisi-
nière, qui demeura immobile à cette vue
; et, frappant un des
poissons du bout de sa baguette : «
Poisson, poisson, lui dit-elle,
es-tu dans ton devoir ? » Le poisson
n’ayant rien répondu, elle
répéta les mêmes paroles, et alors les
quatre poissons levèrent la
tête tous ensemble, et lui dirent très-
distinctement : « Oui, oui,
si vous comptez, nous comptons ; si
vous payez vos dettes, nous
payons les nôtres ; si vous fuyez, nous
vainquons et nous som-
mes contents. » Dès qu’ils eurent
achevé ces mots, la jeune
dame renversa la casserole, et rentra
dans l’ouverture du mur,
qui se referma aussitôt et se remit
dans le même état où il était
auparavant.
La cuisinière, que toutes ces
merveilles avaient épouvantée,
étant revenue de sa frayeur, alla
relever les poissons qui étaient
tombés sur la braise ; mais elle les
trouva plus noirs que du
charbon, et hors d’état d’être servis
au sultan. Elle en eut une