Page 129 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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vive douleur, et se mettant à pleurer
de toute sa force : « Hélas !
disait-elle, que vais-je devenir ?
Quand je conterai au sultan ce
que j’ai vu, je suis assurée qu’il ne
me croira point ; dans quelle
colère ne sera-t-il pas contre moi ? »
Pendant qu’elle s’affligeait ainsi, le
grand vizir entra, et lui
demanda si les poissons étaient prêts.
Elle lui raconta tout ce
qui lui était arrivé, et ce récit,
comme on le peut penser, l’étonna
fort ; mais, sans en parler au sultan,
il inventa une fable qui le
contenta. Cependant il envoya chercher
le pêcheur à l’heure
même, et quand il fut arrivé : «
Pêcheur, lui dit-il, apporte-moi
quatre autres poissons qui soient
semblables à ceux que tu as
déjà apportés : car il est survenu
certain malheur qui a empêché
qu’on ne les ait servis au sultan. » Le
pêcheur ne lui dit pas ce
que le génie lui avait recommandé ;
mais, pour se dispenser de
fournir ce jour-là les poissons qu’on
lui demandait, il s’excusa
sur la longueur du chemin, et promit de
les apporter le lende-
main matin.