Page 192 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
P. 192

Zobéide connut que le porteur ne
              manquait pas d’esprit ;
              mais jugeant qu’il avait envie d’être
              du régal qu’elles voulaient
              se donner, elle lui repartit en
              souriant : « Vous savez que nous
              nous préparons à nous régaler ; mais
              vous savez en même
              temps que nous avons fait une dépense
              considérable, et il ne
              serait pas juste que, sans y
              contribuer, vous fussiez de la par-
              tie. » La belle Safie appuya le
              sentiment de sa sœur : « Mon ami,
              dit-elle au porteur, n’avez-vous jamais
              ouï dire ce que l’on dit
              assez communément : « Si vous apportez
              quelque chose, vous
              serez quelque chose avec nous ; si vous
              n’apportez rien, retirez-
              vous avec rien ? »

              Le porteur, malgré sa rhétorique,
              aurait peut-être été obligé
              de se retirer avec confusion, si Amine,
              prenant fortement son
              parti, n’eût dit à Zobéide et à Safie :
              « Mes chères sœurs, je vous
              conjure de permettre qu’il demeure avec
              nous : il n’est pas be-
              soin de vous dire qu’il nous divertira
              ; vous voyez bien qu’il en
   187   188   189   190   191   192   193   194   195   196   197