Page 190 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
P. 190
est pourtant une chose aussi triste
qu’une compagnie d’hommes
sans femmes. » Il ajouta à ce discours
plusieurs choses fort plai-
santes pour prouver ce qu’il avançait.
Il n’oublia pas de citer ce
qu’on disait à Bagdad : qu’on n’est pas
bien à table, si l’on n’y est
quatre ; et enfin il finit en concluant
que puisqu’elles étaient
trois, elles avaient besoin d’un
quatrième.
Les dames se prirent à rire du
raisonnement du porteur.
Après cela, Zobéide lui dit d’un air
sérieux : « Mon ami, vous
poussez un peu trop loin votre
indiscrétion ; mais, quoique vous
ne méritiez pas que j’entre dans aucun
détail avec vous, je veux
bien, toutefois, vous dire que nous
sommes trois sœurs, qui fai-
sons si secrètement nos affaires que
personne n’en sait rien :
nous avons un trop grand sujet de
craindre d’en faire part à des
indiscrets ; et un bon auteur que nous
avons lu, dit : « Garde ton
secret et ne le révèle à personne : qui
le révèle n’en est plus le
maître. Si ton sein ne peut contenir
ton secret, comment le sein