Page 220 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
P. 220
lui remit le luth entre les mains et
lui céda sa place.
Amine ayant un peu préludé pour voir si
l’instrument était
d’accord, joua et chanta presque aussi
longtemps sur le même
sujet, mais avec tant de véhémence, et
elle était si touchée, ou,
pour mieux dire, si pénétrée du sens
des paroles qu’elle chan-
tait, que ses forces lui manquèrent en
achevant.
Zobéide voulut lui marquer sa
satisfaction : « Ma sœur, dit-
elle, vous avez fait des merveilles ;
on voit bien que vous sentez
le mal que vous exprimez si vivement. »
Amine n’eut pas le
temps de répondre à cette honnêteté.
Elle se sentit le cœur si
pressé en ce moment, qu’elle ne songea
qu’à se donner de l’air
en laissant voir à toute la compagnie
sa gorge et un sein, non
pas blanc tel qu’une dame comme Amine
devait l’avoir, mais
tout meurtri de cicatrices ; ce qui fit
une espèce d’horreur aux
spectateurs. Néanmoins cela ne lui
donna pas de soulagement et
ne l’empêcha pas de s’évanouir… Mais,
sire, dit Scheherazade, je