Page 240 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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dai la raison, et l’officier, prenant
la parole, me répondit :
« Prince, l’armée a reconnu le grand
vizir à la place du roi votre
père, qui n’est plus, et je vous arrête
prisonnier, de la part du
nouveau roi. » À ces mots, les gardes
se saisirent de moi et me
conduisirent devant le tyran. Jugez,
madame, de ma surprise et
de ma douleur.
« Ce rebelle vizir avait conçu pour moi
une forte haine, qu’il
nourrissait depuis longtemps. En voici
le sujet. Dans ma plus
tendre jeunesse, j’aimais à tirer de
l’arbalète : j’en tenais une un
jour au haut du palais, sur la
terrasse, et je me divertissais à en
tirer. Il se présenta un oiseau devant
moi, je mirai à lui, mais je
le manquai, et la balle, par hasard,
alla donner droit contre l’œil
du vizir, qui prenait l’air sur la
terrasse de sa maison, et le creva.
Lorsque j’appris ce malheur, j’en fis
faire des excuses au vizir, et
je lui en fis moi-même ; mais il ne
laissa pas d’en conserver un
vif ressentiment, dont il me donnait
des marques quand