Page 245 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
P. 245
voyait plusieurs sortes de provisions
de bouche rangées d’un
côté. Nous fûmes assez surpris de n’y
voir personne. Il y avait en
face un sopha assez élevé, où l’on
montait par quelques degrés,
et au-dessus duquel paraissait un lit
fort large dont les rideaux
étaient fermés. Le roi monta, et les
ayant ouverts, il aperçut le
prince son fils et la dame couchés
ensemble, mais brûlés et
changés en charbon, comme si on les eût
jetés dans un grand
feu et qu’on les en eût retirés avant
que d’être consumés.
Ce qui me surprit plus que toute autre
chose, c’est qu’à ce
spectacle, qui faisait horreur, le roi
mon oncle, au lieu de témoi-
gner de l’affliction en voyant son fils
dans un état si affreux, lui
cracha au visage, en lui disant d’un
air indigné : « Voilà quel est
le châtiment de ce monde ; mais celui
de l’autre durera éternel-
lement. » Il ne se contenta pas d’avoir
prononcé ces paroles, il
se déchaussa et donna sur la joue de
son fils un coup de sa babouche. »