Page 241 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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l’occasion s’en présentait. Il le fit
éclater d’une manière barbare
quand il me vit en son pouvoir. Il vint
à moi comme un furieux
d’abord qu’il m’aperçut, et, enfonçant
ses doigts dans mon œil
droit, il l’arracha lui-même. Voilà par
quelle aventure je suis
borgne.
« Mais l’usurpateur ne borna pas là sa
cruauté. Il me fit en-
fermer dans une caisse et ordonna au
bourreau de me porter en
cet état fort loin du palais, et de
m’abandonner aux oiseaux de
proie après m’avoir coupé la tête. Le
bourreau, accompagné
d’un autre homme, monta à cheval,
chargé de la caisse, et
s’arrêta dans la campagne pour exécuter
son ordre. Mais je fis si
bien par mes prières et par mes larmes,
que j’excitai sa compas-
sion. « Allez, me dit-il, sortez
promptement du royaume et gar-
dez-vous bien d’y revenir, car vous y
rencontreriez votre perte et
vous seriez cause de la mienne. » Je le
remerciai de la grâce qu’il
me faisait, et je ne fus pas plus tôt
seul, que je me consolai