Page 263 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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assez remis de la fatigue du long et
pénible voyage que je venais
de faire, et n’ignorant pas que la
plupart des princes de notre
religion, par précaution contre les
revers de la fortune, appren-
nent quelque art ou quelque métier,
pour s’en servir en cas de
besoin, il me demanda si j’en savais
quelqu’un dont je pusse
vivre sans être à charge à personne. Je
lui répondis que je savais
l’un et l’autre droits, que j’étais
grammairien, poète, etc., et sur-
tout que j’écrivais parfaitement bien.
« Avec tout ce que vous
venez de dire, répliqua-t-il, vous ne
gagnerez pas dans ce pays-ci
de quoi vous avoir un morceau de pain :
rien n’est ici plus inu-
tile que ces sortes de connaissances.
Si vous voulez suivre mon
conseil, ajouta-t-il, vous prendrez un
habit court, et comme
vous me paraissez robuste et d’une
bonne constitution, vous irez
dans la forêt prochaine faire du bois à
brûler : vous viendrez
l’exposer en vente à la place, et je
vous assure que vous vous
ferez un petit revenu dont vous vivrez
indépendamment de per-