Page 297 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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rien, et la jetant sur moi : « Quitte,
              me dit-il, la figure d’homme,
              et prends celle de singe. » Il disparut
              aussitôt, et je demeurai
              seul, changé en singe, accablé de
              douleur, dans un pays incon-
              nu, ne sachant si j’étais près ou
              éloigné des états du roi mon
              père.

              « Je descendis du haut de la montagne,
              j’entrai dans un plat
              pays, dont je ne trouvai l’extrémité
              qu’au bout d’un mois, que
              j’arrivai au bord de la mer. Elle était
              alors dans un grand calme,
              et j’aperçus un vaisseau à une demi-
              lieue de terre. Pour ne pas
              perdre une si belle occasion, je rompis
              une grosse branche
              d’arbre, je la tirai après moi dans la
              mer et me mis dessus,
              jambe deçà, jambe delà, avec un bâton à
              chaque main pour me
              servir de rames.

              « Je voguai dans tel étal et m’avançai
              vers le vaisseau.
              Quand je fus assez près pour être
              reconnu, je donnai un specta-
              cle fort extraordinaire aux matelots et
              aux passagers qui paru-
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