Page 387 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
P. 387
qu’on puisse voir au monde. Je
m’approchai de lui pour le
considérer de près : je trouvai qu’il
avait une selle et une bride
d’or massif, d’un ouvrage excellent ;
que son auge, d’un côté,
était remplie d’orge mondé et de
sésame, et de l’autre, d’eau de
rose. Je le pris par la bride et le
tirai dehors pour le voir au jour.
Je le montai et voulus le faire avancer
; mais comme il ne bran-
lait pas, je le frappai d’une houssine
que j’avais ramassée dans
son écurie magnifique. Mais à peine
eut-il senti le coup qu’il se
mit à hennir avec un bruit horrible ;
puis, étendant des ailes
dont je ne m’étais point aperçu, il
s’éleva dans l’air à perte de
vue. Je ne songeai plus qu’à me tenir
ferme, et malgré la frayeur
dont j’étais saisi, je ne me tenais
point mal. Il reprit ensuite son
vol vers la terre, et se posa sur le
toit en terrasse d’un château,
où, sans me donner le temps de mettre
pied à terre, il me secoua
si violemment qu’il me fit tomber en
arrière, et du bout de sa
queue il me creva l’œil droit.