Page 427 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
P. 427

vie fort honnêtement. Cependant, dès
              que les premiers six mois
              de mon deuil furent passés, je me fis
              faire dix habits différents
              d’une si grande magnificence qu’ils
              revenaient à mille sequins
              chacun, et je commençai au bout de
              l’année à les porter.

              « Un jour que j’étais seule, occupée à
              mes affaires domesti-
              ques, on me vint dire qu’une dame
              demandait à me parler.
              J’ordonnai qu’on la fît entrer. C’était
              une personne fort avancée
              en âge. Elle me salua en baisant la
              terre, et me dit en demeurant
              sur ses genoux : « Ma bonne dame, je
              vous supplie d’excuser la
              liberté que je prends de vous venir
              importuner : la confiance
              que j’ai en votre charité me donne
              cette hardiesse. Je vous dirai,
              mon honorable dame, que j’ai une fille
              orpheline qui doit se ma-
              rier aujourd’hui, qu’elle et moi sommes
              étrangères, et que nous
              n’avons pas la moindre connaissance en
              cette ville : cela nous
              donne de la confusion, car nous
              voudrions faire connaître à la
              famille nombreuse avec laquelle nous
              allons faire alliance que
   422   423   424   425   426   427   428   429   430   431   432