Page 43 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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« Mon père, dit alors Scheherazade, de
grâce, ne trouvez point mauvais que je
persiste dans mes sentiments.
L’histoire de cette femme ne saurait
m’ébranler. Je pourrais vous en
raconter beaucoup d’autres qui vous
persuaderaient que vous ne devez pas
vous opposer à mon dessein. D’ailleurs,
pardonnez-moi si j’ose vous le
déclarer, vous vous y opposeriez
vainement : quand la tendresse
paternelle refuserait de souscrire à la
prière que je vous fais, j’irais me
présenter moi-même au sultan. »
Enfin, le père, poussé à bout par la
fermeté de sa fille, se rendit à ses
importunités ; et quoique fort affligé
de n’avoir pu la détourner d’une si
funeste résolution, il alla dès ce
moment trouver Schahriar, pour lui
annoncer que la nuit prochaine il lui
mènerait Scheherazade.
Le sultan fut fort étonné du sacrifice
que son grand vizir lui faisait : «
Comment avez-vous pu, lui dit-il, vous
résoudre à me livrer votre propre fille
? - Sire, lui répondit le vizir, elle
s’est offerte d’elle-même. La triste
destinée qui l’attend n’a pu
l’épouvanter, et elle préfère à sa vie
l’honneur d’être une seule nuit épouse
de votre majesté.