Page 39 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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« En achevant ces mots, elle rentra
dans la maison, et se mit dans un coin
où elle passa la nuit à pleurer de
toute sa force. Le mari coucha seul ;
et le lendemain, voyant qu’elle ne
discontinuait pas de se lamenter : «
Vous n’êtes pas sage, lui dit-il, de
vous affliger de la sorte ; la chose
n’en vaut pas la peine ; et il vous est
aussi peu important de la savoir, qu’il
m’importe beaucoup, à moi, de la tenir
secrète. N’y pensez donc plus, je vous
en conjure.
- J’y pense si bien encore, répondit la
femme, que je ne cesserai pas de
pleurer, que vous n’ayez satisfait ma
curiosité.
- Mais je vous dis fort sérieusement,
répliqua-t-il, qu’il m’en coûtera la
vie si je cède à vos indiscrètes
instances.
- Qu’il en arrive tout ce qu’il plaira
à Dieu, repartit-elle, je n’en
démordrai pas.
- Je vois bien, reprit le marchand,
qu’il n’y a pas moyen de vous faire
entendre raison ; et comme je prévois
que vous vous ferez mourir vous-même
par votre opiniâtreté, je vais appeler
vos enfants, afin qu’ils aient la
consolation de vous voir avant que vous
mouriez. » Il fit venir ses enfants, et
envoya chercher aussi le père, la mère